Espagne mise à jour novembre 2024
Vendredi 25 octobre 2024
À 10h00, Dirk part avec les chiens afin de les amener à leur « hôtel » et au cours de l'après-midi, nous partons pour le nôtre situé près de l'aéroport de Madrid, car demain nous prenons le premier vol pour la Belgique et n'osons pas courir le risque de rester coincé à l'heure de pointe du matin, qui peut s’avérer considérable. Après une courte nuit, nous quittons notre hôtel vers 5h30 du matin (sans petit-déjeuner car il n'est servi qu'à partir de 7h) pour l'aéroport où nous laissons la voiture sur le parking et nous nous dépêchons vers le hall de départ afin d’être certains de ne pas rater notre vol... Tout se passe comme prévu et à 9 heures, nous atterrissons à Bruxelles, récupérons notre voiture de location et nous nous rendons à De Pinte. A 17h00, nous avons rendez-vous chez le médecin afin de recevoir notre « vaccin corona ». Ensuite, nous retournons à notre appartement où nous passons la nuit. Demain, après ma visite chez le dentiste, nous nous rendrons à Tirlemont car nous sommes rentrés spécialement au pays pour la promenade d’Halloween. Le lendemain, il est presque midi lorsque le dentiste en a fini avec moi. Nous partons donc enfin en direction de Tirlemont. Lorsque nous arrivons à destination, les collaborateurs sont en train de prendre le déjeuner et nous pouvons donc immédiatement passer à table.
Après avoir contribué, à notre façon, à la décoration de la salle, nous partons pour l'hôtel où nous passons la nuit. Eh , oui encore un hôtel... Demain, nous passerons la nuit dans un hôtel de l'aéroport car nous partirons lundi avec le premier vol pour l'Espagne.... Aujourd’hui dimanche, nous sommes attendus à 10h00 mais la nuit a été courte car apparemment des invités qui venaient d'un mariage ont passé la nuit à rentrer dans leur chambre et trouvaient les ronflements de Dirk, que l'on pouvait entendre jusque dans le couloir, fort amusant... Je trouvais cela moins amusant qu’eux. Quoi qu'il en soit, à 7h00, j'ai commencé à appliquer mes couleurs de guerre et à mettre ma tenue pour l'occasion parce que nous étions tous, censés être déguisés. Malgré cette courte nuit agitée, j'ai quand même réussi à m’apprêter à temps et nous avons même encore eu le temps de prendre le petit-déjeuner avant de partir pour la salle des fêtes. Quand nous sommes arrivés, il y avait déjà quelques adoptants qui se promenaient, avec leurs chiens en tenue d'Halloween, sur le parking... À l'intérieur, la salle joliment décorée, ne peut braver la concurrence avec les collaborateurs derrière leurs stalles et ceux du service qui ont été maquillés, du premier au dernier, par Kelly et Nancy et qui ont tous l'air terrifiant. Vers midi, la salle est bondée et pendant le service, je suis promue au rang de « madame mayonnaise » et je suis autorisée à servir à tout le monde une grande portion de mayonnaise, sans oublier le sel... Après le repas, les billets de tombola sont mis en vente et ensuite, il est temps pour le départ de la promenade et pour la photo obligatoire.
En posant, je grelotte de froid et de retour à l'intérieur, j'éclate en sueur. Lorsque le tirage de la tombola est effectuée et que le café gourmand et les desserts ont tous été servis, les nombreux participants font la queue pour partir, je m'assois dehors pour me rafraîchir. Mauvaise idée... Dirk B me demande anxieusement si je ne me sens pas bien et cherche la raison de mon malaise chez le vaccin contre le coronavirus. Je serais étonnée de tomber encore malade après la 5ème injection, mais on ne sait jamais n’est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, comme nous avons encore un long voyage devant nous, Buffalo presse Dirk de rentrer à l’hôtel. Après avoir félicité les dames Ann et Nancy et tous les collaborateurs qui ont fait de cette fantastique fête costumée un grand succès, nous partons pour Bruxelles. Nous rendons la voiture de location et nous regagnons notre hôtel. À 22 heures, après une séance d'éternuements prolongée, je prends un somnifère et demi et je vais me coucher. Six heures plus tard, nous nous levons à 4h00 et je prends quand même la peine d’appliquer mes couleurs de guerre (quoique)... Vingt minutes plus tard, nous traversons la route pour l'aéroport. Après la même paperasserie interminable à la douane, nous embarquons moins d'une heure plus tard et atterrissons à Madrid encore avant 9 h00... C'était incroyablement plaisant mais très fatigant et mon rhume ou quoi que ce soit ne s'améliore pas. il faut faire quelque chose à ce sujet car Marianne et son assistant Dirk Buffalo arriveront jeudi pour stériliser.
Jeudi 31 octobre 2024
Aujourd'hui, c'est le jour J, le jour décisif. Marianne et Dirk B sont en route pour l'Espagne. Mon Dirk part à l'heure pour l'aéroport et vers 15h00, je reçois un appel téléphonique de sa part m'informant qu'il a Marianne et Dirk B à bord et que, en fonction du trafic, ils seront à la maison dans une bonne heure. Comme j'ai prévu un léger lunch, Dirk répond rapidement que ce n'est pas nécessaire car Marianne veut commencer tout de suite et qu’il a demandé à Marie-Carmen d'amener 4 chiens. Il me dit d’ouvrir la grille si elle arrive avant eux. Soupir… Il faut, selon moi, avoir les capacités d'un haltérophile pour faire bouger cette chose lourde. Heureusement, ils arrivent une minute après Marie-Carmen, qui est autorisée à arrêter le combat avec la grille et à laisser la besogne à Dirk. Pendant que Marianne porte ses lourds bagages remplis de matériel et que Dirk B apporte les siens dans la chambre, Dirk et Marie-Carmen se rendent à la clinique avec les 5 premières dames. Après un accueil fort chaleureux de la part de nos chiens, c'est à notre tour de saluer Marianne et Dirk B. Ce sont des retrouvailles exubérantes parce que cela fait longtemps que je n'ai pas vu Marianne. Lorsque les retrouvailles sont estompées, ils marchent en file indienne jusqu'à la clinique.
Je les regarde partir, je me sens satisfaite et heureuse. Il ne faut pas longtemps avant que je les suive à la clinique, entourée de nos chiens curieux. Je me sens grippée à l’extrême. Un mélange d'essoufflement, un nez ensanglanté plein de croûtes et de morve, des yeux larmoyants, un mal de gorge et une voix de fumeur invétéré (le seul mauvais souvenir qu'il me reste de la marche d'Halloween réussie..)Lorsque j'ouvre la porte de la clinique, c'est comme si une couverture chaude était posée autour de mes épaules. Les odeurs, l'ambiance, Marianne qui, comme toujours, taquine Buffalo qui lui sort son meilleur Français et qui coupe les tissus pour les champs opératoires, Dirk qui prend des photos, la première dame galgo qui est sur la table. Tout cela me fait monter les larmes aux yeux ou peut-être est-ce à cause de mes yeux larmoyants, Qui sait... Quatre heures plus tard, les premières dames récupèrent après leur « intoxication à la kétamine ». Elles ne seront plus jamais obligées d’avoir des bébés et grâce à Dirk B. elles peuvent commencer leur nouvelle vie avec un sourire blanc aveuglant genre « Hollywood ». Malgré le fait que Marianne et Anne sont venus en Espagne pour la première fois en 2005 et qu’entre-temps, Dirk et moi ayons vieilli de vingt ans, nous sommes encore toujours dans la possibilité de le faire et nous devrons encore le faire pendant longtemps si la situation en Espagne ne change pas. Lorsqu’ après l'apéritif de bienvenue obligatoire, nous commençons au souper (pas mes succulents spaghettis mais des pâtes aux champignons), nous nous remémorons des tas de souvenirs et parlons sans fin. Quel bonheur de pouvoir faire cela entre âmes sœurs…
Vendredi 1 novembre 2024
Malgré les longs bavardages d'hier soir, nous sommes tous présents à 7h00, ce matin. Pendant la préparation du petit-déjeuner, l'équipe médicale vérifie l'état des patients. Trois quarts d'heure plus tard, nous passons à table, mais pas pour longtemps car à 8h00 les 10 premières femelles font leur apparition. Les deux Dirk et Marianne aident à décharger les chiens et ne reviennent plus, donc après avoir déblayé la table, je descends également à la clinique. Il faut attendre jusqu'à 13h00, avant que Marianne & Co aient le temps de déjeuner. Lorsqu’ au bout d'une demi-heure, ils sont prêts à reprendre le travail, Marie-Carmen amène 5 femelles supplémentaires qui sont autorisées à attendre dans le jardin jusqu’à ce que leur tour vienne. vers 18h30, les utérus, les tumeurs et les dents pourries étant enlevés et les plaies étant soignées, notre équipe médicale met fin à sa journée de travail de plus de 10 heures. Après un contrôle final des 15 patientes d'aujourd'hui et des 5 d'hier, ils peuvent monter à l'étage pour un délicieux apéritif qui est ensuite complété par un mélange de frites, de poulet et de salade. Pour nous, il s'agit d'une version modifiée, des frites avec des boulettes de légumes à la sauce tomate .. Quoi qu'il en soit, nous passons de nouveau une soirée agréable au cours de laquelle nous en profitons pour raconter à Buffalo les aventures du passé, les plus folles.
Samedi 2 novembre 2024
Il est à peine 7 h00, lorsque Marianne & Co vont contrôler les patients à la clinique pendant que Dirk se promène avec le mobile à crottes et le tuyau d'arrosage. Trois quarts d'heure plus tard, nous prenons le petit déjeuner mais, tout comme hier, pas pour longtemps, car à 8 h00 Marie-Carmen s’amène avec 10 dames galgo. Avant de partir, elle vient me dire qu'une pauvre chienne de 12 ans, vient de rentrer au refuge. En voyant l’expression de son visage, je vois que cela ne prédit rien de bon, alors je lui supplie de l'apporter au plus vite. La journée commence mal car la première dame sur le billiard, se trouve en difficulté. Marianne n'arrive pas à retrouver l'utérus dans le petit corps déchiqueté et il lui faut une heure avant de pouvoir, l’esprit tranquille, refermer son ventre. Pauvres animaux, certains d'entre eux sont tellement mutilés qu'on n'en croit pas ses yeux. L’état de leurs dents, de leur corps, fait de leur survie un mystère. Donc, pour ceux d’entre vous qui pensent que les lévriers sont des chiens délicats, ce n'est vraiment pas le cas. Ce sont des combattants et des survivants, à la recherche d'une existence plus sûre et d'une vie meilleure. Il est incroyable que des animaux aussi nobles, qui ont tant à donner, soient traités ainsi par des inhumains qui ne sont pas dignes de porter le nom d’humain.
À 13 h00 , ils montent pour prendre le lunch et à 14h00 M.C. se pointe avec 5 femelles supplémentaires .. Il est 18h30 lorsqu'ils commencent le nettoyage quotidien de la clinique et que Dirk fait le tour pour la énième fois avec le mobile à crottes et le tuyau d’arrosage. À 19h00, ils arrivent enfin à l'étage pour savourer un petit apéritif et une vraie cuisine flamande. Des choux de Bruxelles et des pommes de terre accompagnés de burgers végétariens pour tout le monde. À 23h00, après quelques heures agréables à rester papoter, ils se lèvent avec peine de leurs fauteuils pour effectuer un contrôle final des 35 patients...
Dimanche, 3 novembre 2024
Voici venu le dernier jour .. Il est 6h30, lorsque Marianne & Co se précipitent à la clinique pour inspecter les plaies de leurs 35 patients et pour, comme tous les jours, les chouchouter avec un service de chambre, des draps frais, etc. Dirk les suit quelques minutes plus tard pour se consacrer à son quotidien et fournit aux dames un bol de nourriture, change les draps sous le porche et commence sa ronde habituelle du nettoyage des cacas et de l’arrosage de tout le jardin. Pendant ce temps, je m'occupe du petit-déjeuner et de nos chiens dans la cuisine. Cela leur prend une heure pour accomplir les tâches quotidiennes et ils ne peuvent prendre leur petit-déjeuner qu’à 7 h 45. Comme d’habitude, le petit déjeuner est perturbé par l'arrivée de Marie-C, qui apporte les derniers des Mohicans, les 5 dernières dames dont la petite vieille de 12 ans. Encore une fois, ils délaissent le petit-déjeuner pour suivre les femelles à la clinique et pour commencer immédiatement aux traitements. Dès que le petit-déjeuner est « balayé » de la table, je les suis très prudemment car tout est encore humide et j'ai peur de trébucher ou de tomber. En ce cas, ils devraient appeler les pompiers, ce qui ne me semble pas évident en Espagne... Quand j'ouvre la porte de la clinique, la petite vieille est allongée sur la table d'opération et je n'en crois pas mes yeux quand je vois dans quel sale état elle se trouve.
Elle a une oreille salement amochée, des dents horribles, des tumeurs sur le ventre et de gros mamelons vides. Par-dessus tout, elle a de grandes lésions érodées et sans poils sur ses pattes arrière qui indiquent qu'elle a été attachée pendant très longtemps. C'était tout à fait normal dans les hameaux et les villages arriérés où l'on avait « l'habitude » d'attacher un galgo, par les pattes arrière et/ou avant, quelque part à l'extérieur du village et cela parfois pendant des années. Si la pauvre chienne avait de la chance, elle recevait une sorte de tente, en plastique altéré, au-dessus de la tête pour la protéger du soleil ou de la pluie... La raison de cette coutume horrible .. Lorsqu'elles étaient en chaleur, elles étaient au service de tous les mâles galgos de la région. Ainsi, les chasseurs avaient, gratuitement, des chiots « frais » tous les ans. Exploitation sexuelle avant la lettre .. Il y avaient bien des années que j’avais été témoin de cette coutume, mais j'étais convaincue que cette horrible chose avait disparu. J'en suis tellement choquée, que je me mets à pleurer dans les toilettes de la clinique. Que sommes-nous censés faire de ce pauvre animal qui a enduré tant de souffrances mais qui s'en est quand même sorti et qui, contre toute logique, se retrouve chez nous ? Il est 11h30, quand la dernière femelle passe sous le bistouri et 12h30, quand la clinique est, de nouveau, propre et brillante de fierté. Il est temps pour notre dernier lunch ensemble. Nous avons beaucoup de choses à dire mais la vieille chienne s'enracine dans mon esprit.
Pendant que Marianne va faire ses bagages et que les Dirk continuent de bavarder sous le porche, je m'assois devant mon ordinateur et je m'inquiète. Je suis tellement absorbée par mes pensées que je suis effrayée quand Marianne se glisse discrètement derrière moi, qu’elle met son téléphone portable sous mon nez avec une photo de la petite vieille et qu’elle me murmure à l’oreille qu'elle est adoptée. De nouveau, je suis surprise, je la regarde incrédule et ce n’est qu’à ce moment-là que, malgré le fait qu'elle ait juré de ne pas adopter de galgo cette fois-ci, je comprends que c’est elle est l'adoptante. Je m’accroche à son cou et je pleure toutes les larmes de mon corps. Quand j'insiste pour avoir un nom, elle me dit : « Martine , comme la femme de mon assistant de qui je suis très contente. » Quand Dirk B l'entend, en sortant de la douche, il est fier et très content du choix du nom. Une demi-heure plus tard et après la photo obligatoire, ils partent avec Dirk, pour l'aéroport. Dès qu'ils sont partis, je rejoins les 40 dames et j'apprends à Martine, encore à moitié endormie, que désormais, elle aura un foyer. Demain ,partiront les femelles qui ont été opérées jeudi, mardi celles opérées vendredi, mercredi celles du samedi etc. petite Martine reste ici avec nous .. Je n'arrive pas encore à croire qu’elle aura un bon foyer et je caresse doucement sa pauvre petite tête. Elle ne se rend pas encore compte qu'elle a gagné à la loterie... Quand Dirk rentre à la maison, une heure et demie plus tard, il dit que Marianne et Dirk B se sont endormis dans la voiture, après quelques kilomètres. C'est ce que 40 galgas font émotionnellement et physiquement à un être humain et pas seulement à notre équipe médicale...