Espagne mise à jour Avril 2023
Vendredi 7 avril 2023
En attendant, après 2 jours dans le Limbourg et une première promenade réussie à Balen, pourtant pas si évidente pour une première balade avec une météo exécrable.., nous sommes partis pour l'Espagne le mardi 29 mai...Départ le mardi... j’avais annoncé à qui voulait l’entendre, afin de prendre du courage, que pour participer à la marche j'étais prête à partir le mardi.. Plus facile à dire qu'à faire car lorsque nous avons, avant de regagner l’autoroute, récupéré nos chiens à Rosa Canina à 5h15 du matin. Lorsque j'ai vu les faisceaux irritants des camions qui se suivaient de très près en occupant les bandes de droite des deux côtés de l'autoroute, j’ai senti mon courage qui prenait la fuite tout comme moi j’aurais voulu faire. Je pensais aux 1000 km qu’on allaient devoir couvrir. Pour ne pas gâcher l'humeur de mon mari, j'ai sagement gardé le silence et repensé à la promenade qui avait été un franc succès, sous la direction de Yolanda et de Kevin. Tout avait été parfait . Malgré le mauvais temps et les nombreuses déviations, il y avait beaucoup de participants pour profiter de la salle, joliment décorée (merci à Kelly de Warm & Cosy) . Il y avait une superbe tombola, de la bonne nourriture, un bon service et une ambiance agréable. Bref, tout se passait à merveille jusqu’au moment où, pendant la promenade, notre responsable régionale Ann Grammet disparaisse jusqu'au cou dans une sorte de gouffre, plein de boue !!! Heureusement, elle a pu être libérée de sa situation précaire, par des passants et est revenue effrayée, frissonnante de froid et trempée, dans la salle où elle a enlevé ses vêtements dégoulinants, dans les toilettes avec l'aide de Nancy. Puisqu’elle se plaignait de douleurs au poignet, Nancy l'a conduite aux urgences où il s'est avéré que son poignet était fracturé et qu'il fallait l'opérer !! Entre-temps, l’intervention a été fait avec succès. Incroyable, me disais-je avec les yeux fermés afin de ne pas voir les nombreux poids lourds, sans aide elle aurait probablement disparu dans cette sorte d’oubliette ... Vous vous imaginez!!! Si quelqu’un m’aurait raconté une chose pareille sans que j’aurais pu le voir avec mes propres yeux, je ne l’aurais jamais cru.. Cela ressemblait à une scène d'un film d'horreur dans lequel Ann était involontairement l'actrice principale..
Une heure après notre départ, nous nous sommes arrêtés à St léger pour notre café et notre croissant obligatoires. Avant de partir 20 minutes plus tard, j'ai essayé d'aller aux toilettes, une deuxième fois, pour faire sortir la dernière goutte de ma vessie car Dirk m'avait mise en garde qu’il y aurait foule sur le périphérique parisien, alors .. Quand nous l’avons atteint à 8 heures, il n'avait pas exagéré. C’était le chaos complet, terrible !! Avec le commentaire habituel de Dirk et les agacements allant avec, il nous a fallu plus de 2h30 avant de pouvoir laisser l' apocalypse derrière nous et pouvoir regagner le "direct" vers Bordeaux.. Encore 790 km jusqu'à notre hôtel à Castets , j’évitais d’y penser..
Malgré le fait que j'avais désespérément besoin d'un arrêt sanitaire, mon mari a continué pendant encore une heure, avant de s'arrêter pour faire le plein, boire une tasse de café et manger un sandwich, qui avait l’air d’être plastifié, avec du fromage de chèvre qui collait comme de l’adhésif de contact. Ensuite, Loulou et Amadeus ont été autorisés à déverser tout excès de ballast liquide et solide .. Comme toujours, Astrid a refusé de sortir et s'est retirée dans le coin le plus éloigné de sa résidence... Au total, l'arrêt avait duré moins de 20 minutes, soupir. . Hormis l'arrêt café à St Léger qui se trouve à environ 100 km de notre point de départ, c'était le seul arrêt au-delà de Bordeaux... Dirk et les arrêts ne font pas bon ménage, ça nous le savons… Des heures plus tard, nous avons laissé le chaos de la circulation sur le périphérique autour de Bordeaux derrière nous. A 17h30, nous avons finalement pu regagner notre hôtel de l'autre côté de l'autoroute. Après la procédure normale et un arrêt sanitaire urgent, la camionnette a été autorisée à se reposer dans le parking gardé. Nous étions les seuls à y être garés. Les chiens pouvaient enfin s’étirer les jambes et faire leurs besoins
Après mille km de stress c'était un luxe de pouvoir enfin se dégourdir les jambes avec nos passagers. J'ai eu un sentiment de déjà vu et j'ai pensé avec soulagement "on a encore une fois réussi", je ne sais pas combien de fois, nous avons réussi cette même prouesse . Après que les chiens aient mangé et qu’ils soient logés jusqu’à leur promenade du soir, nous sommes allés dîner à « La Tchanka ». Comme toujours, nous avons pris des Fisch & Chips enfant, le seul plat "végétarien" qui soit au menu.. Cependant , selon la serveuse, cela allait bientôt changer car le menu enfant allait disparaître, plus de Fisch & Chips donc… Dans la chambre, nous avons regardé sur la tablette de Dirk mais sans y prêter trop d’attention, la "Prison" et bien sûr le football ... Pas facile car dans l'espoir de passer une bonne nuit et sachant que les lits étaient beaucoup trop étroits, nous avions demandé 2 lits individuels et puisque la tablette se trouvait sur le lit de Dirk, il n’était pas évident pour moi avec mes soucis à la nuque d’avoir une vue confortable .. Vers 22h30 il est allé promener les chiens et une demi-heure plus tard nous étions chacun dans notre " lit jumeaux". Pas question pour moi de passer une bonne nuit.. Le bruit constant des camions sur l'autoroute voisine et les ronflements monotones de Dirk, ont gâché mon sommeil et à 7h30, j'étais contente de pouvoir me lever. Pendant que mon époux sortait les chiens, je m’occupais à appliquer mes couleurs de guerre... Entre-temps, je me demandais si tout ce travail valait bien la peine puisque je me trouverais dans la camionnette pendant 600 km mais on ne sait jamais ce qui peut arriver, n’est-ce pas.. Il était 17 heures et donc 8 heures après notre départ, lorsque nous avons atteint l'allée de Casa Belgica. Je repensais aux nombreuses fois que nous avons fait le trajet ... Lorsque nous avons sorti les chiens, Amadeus boitait et se plaignait lorsqu’il se servait de sa patte....
Du fait qu'Amadeus continuait de boiter les jours suivants, je me suis mise à imaginer toutes sortes de scénarios apocalyptiques avec comme arrières pensées Léopold et ceux qui lui ont précédé et également Beauregard qui est parti inopinément pour le paradis des chiens. Lundi, j'ai donc pris rendez-vous avec le docteur De Frutos. En raison de l’une ou l’autre fête espagnole, nous n’avons pu y aller que le mercredi. Heureusement, après un examen approfondi, il s’est avéré que sa jambe guérissait bien. Je ne devais pas non plus m'inquiéter du fait qu'il avait autant le hoquet car, selon le véto, c'était chose normale chez les chiots. Lorsque nous sommes passés de son bureau à la réception, j'ai vu la bande dessinée que je lui avais offert, ainsi qu'à sa femme, à l'occasion de la guérison et de l'adoption d'Hector . Il nous avait raconté qu’il avait dû employer toutes ses forces afin d’étirer le muscle atrophié pour que l'os rentre dans la cavité de la hanche et cela m’était toujours resté dans l’esprit. Alors j'en avais fait, après sa guérison, à la demande de Dirk, une bande dessinée. Le docteur et son épouse Teresa, en étaient très heureux et avaient dû en rire très fort. Quoi qu'il en soit, j'étais heureuse que la visite n'ait abouti qu'à de bonnes nouvelles. Voilà une bonne chose pour ma sérénité. Je ne m’en faisais même plus que le lendemain, nous devions nous rendre au Hipercor et au Lidl afin d’y acheter des provisions pour l'arrivée de Marianne et Kris qui arriveraient le vendredi.
Entre-temps, nous sommes le vendredi 7 avril et alors que Dirk est parti les chercher à l'aéroport, j’en ai profité pour écrire mon update et pour préparer le déjeuner qui au moment où j’écris ces lignes, a déjà été consommé. Le repas a d’ailleurs été interrompu par Marie-Carmen qui a amené les 10 premières dames. En comptant également Hortense, 11 d’entre elles seront donc stérilisées cet après-midi. Lorsque l’équipe remonte à 19 h 30, les opérées récupèrent encore à la clinique. Nous prenons le petit verre obligatoire à leur santé et Dirk a prévu, à l’intention de Kris, des petites bouteilles de champagne sans alcool ... Après l'apéro et les canapés, je leur sers du riz épicé avec des fèves rouges, des petites légumes et des boulettes végétariennes. Après quelque hésitation et des regards interrogateurs, elles se lancent, aiment bien et ensemble nous vidons le bol, un succès inattendu !! « Cette nuit, nous pourrons donner un concert parfumé s’exclament les deux dames. Des femmes merveilleuses ... Des pierres précieuses à la couronne de GINB .. Avant de m'endormir, je lis quelques passages des histoires rassemblées par Kris dans son livret. Une lecture Fortement recommandée à tous ceux qui aiment les lévriers et qui aiment verser quelques larmes...
Samedi 8 avril 2023
A 8 heures, les activités battent déjà leur plein à Casa Belgica. Nous sommes encore à table lorsque Marie-Carmen nous amène déjà 12 nouvelles patientes... Le travail est assuré car au refuge une quarantaine attendent encore d’être traitées … Après avoir dressé la table pour le lunch, je visite la clinique et Kris m’apprend qu’il y a de nouveau une petite chienne dont le nez a été coupé à moitié !!! Une belle chienne à poil dur et une réplique exacte d’Eliott, le beau mâle de notre responsable de région Nancy Quidé . Comme c’est triste. « C'est le troisième cas cette saison » dis-je pleine de colère. Je suppose que la férocité est la marque de fabrique du galguero et sa manière à lui de faire passer un message . Quand je pense à la douleur infligée à ce pauvre animal… « Si jamais nous attrapons l'homme, je lui coince le nez dans une pince et nous le lui coupons à l’aide d’un couteau très émoussé ». Voilà ce que Kris et moi, aimerions faire et Marianne est d'accord. Malheureusement ,nous n’aurons jamais l’occasion de mettre ces représailles en pratique et au cas où l'occasion se présenterait, nous serions poursuivies. Les chasseurs peuvent faire n'importe quoi avec leurs animaux et essayer les tortures les plus horribles. Personne ne les poursuivra, Quel droit pénal fantastique ! Vous ne trouvez pas ?.. Au cours de la matinée, il y a plusieurs chiennes avec des complications qui demandent de petites interventions supplémentaires. Marianne , qui a mal au dos à cause d’une position courbée pendant des heures, vient déjeuner plus tôt , enfin plus tôt, c’est beaucoup dire... Nous n’avons même pas quitté la table que Marie-Carmen est déjà là avec les 10 prochaines dames. Tout comme les précédentes, ce sont de belles jeunes chiennes et surtout d'une douceur attachante qui trimbalent déjà un sérieux vécu d’atrocités. Incompréhensible que l'on puisse abandonner à leur sort des animaux aussi affectueux. Après toutes ces années, je n'arrive toujours pas à comprendre. Ce qui est particulièrement frappant, c'est qu'il y a parmi eux beaucoup de chiens à poil dur. Je me dis que peut-être le précédent champion était un galgo à poil dur, cela pourrait expliquer l’enclin car dans ces milieux, ils suivent également des tendances…
Après un déjeuner d’une demi-heure et après avoir pris un café, les dames s’en retournent à la clinique. Dirk et moi suivons dans leur sillage. Je vais plier les alaises lavées et "séchées au soleil", Dirk remplit une nouvelle machine à laver et nettoie les cacas pendant que Marianne et Kris s’occupent des nouvelles patientes. Pendant qu’ici, nous avons de quoi nous occuper, les collaborateurs de la Flandre Occidentale, sous la houlette de Carine Soenens & co s'affairent à préparer la soirée fromages et vins à laquelle se sont inscrits plus de 200 participants !! Cette année nous ne pourrons pas être là en raison de l'arrivée de l'équipe médicale mais soyez assurés que nous pensons à vous ce soir, tout comme vous penserez à nous et aux chiens. Après tout, c'est pour cela que nous le faisons, n'est-ce pas, pour ceux dont nous sommes la voix, pour ceux qui, sans notre intervention, seraient livrés à leurs bourreaux. L'après-midi, notre équipe médicale travaille sans arrêt et ce n’est qu’à 20h30 qu’elles remontent enfin, après une journée de travail d’environ 12 heures. A la clinique, 32 galgos récupèrent. Stérilisées, les dents détartrées, les ongles taillés et un tatouage dans les oreilles, les aidera à commencer une nouvelle vie. Pendant qu'ils profitent du calme et rêvent d'un nouvel avenir, nous commençons par l'apéritif et continuons avec le souper. Nous sommes tous épuisés, mais nous plaisantons et restons forts les uns pour les autres malgré le fait que les années se font ressentir.. Malheureusement, mon menu complet sur lequel j'ai passé tout l'après-midi n'est qu'à moitié sur la table car il est maintenant 22h30 et personne n'a encore le courage de dîner plus longtemps. Pendant que Dirk et moi déblayons la table et trouvons de la place dans le réfrigérateur, Marianne et Kris retournent à la clinique pour un dernier examen des 22 dames stérilisées, aujourd’hui . Les 10 d'hier, qui séjournent également à la clinique, se portent très bien. Lorsque les dames se sont douchées après le dernier contrôle de leur patientes et qu’elles aient regagné leur chambre, je reste encore debout pendant une demi-heure avec un thé et je me réalise qu'il y aura 32 galgos qui passeront la nuit à la clinique, ainsi que 6 de nos chiens en plus d’Hortense qui résident en haut. Je pense que ce fut, encore une fois, une journée productive. La énième de combien ??? Cela fait presque 20 ans que Marianne vient opérer.. Il faut que je calcule combien de chiens elle a déjà opéré dans notre clinique, ce sera sûrement un nombre astronomique...
Dimanche 9 avril 2023 PÂQUES !!!!
Quand on se met à table pour le petit déjeuner ce matin, ça y est !!! Malgré le fait qu'elle ait solennellement promis à son équipe locale de ne pas amener de galgos cette fois-ci, elle a quand même succombé... Pas d'œufs de Pâques pour elle aujourd'hui, mais 2 galgos desquels elle est tombée amoureuse et 1 ou peut-être 2 petits vieux supplémentaires pour ses Pâques ... Quand Marie-Carmen arrive avec les 12 premières dames, je lui demande immédiatement si elle a quelques vieux, très vieux, aussi vieux que je me sens en ce moment .. Elle me raconte tout de suite l'histoire d'une vieille femelle blanche qui a été larguée avec sa fille, voici plusieurs mois. Mère et fille étaient toujours ensemble, seule la fille a été adoptée et depuis la mère est inconsolable. L'autre vieille dame éligible est une chienne bringée de 12 ans qui a été utilisée, toute sa vie, comme reproductrice. La pauvre chienne est dans le refuge depuis si longtemps que Marie-Carmen n'arrive pas à dater exactement .. Aussitôt, je sens mes larmes qui montent. Je n'arrive presque plus à écouter ces histoires . Rien que des drames, cela me tue.
Comme toujours , nous travaillons dur, toute la journée. Le rythme n'est interrompu que pour le déjeuner et la pause-café. Pour le reste rien que chirurgie et stérilisations pour Marianne et pour Kris rien qu’administrer des narcoses, arracher et détartrer des dents, couper les ongles et tatouer un « S » élégant dans l'oreille de tout le monde comme preuve que les dames ont bien subi une stérilisation car avec la petite incision de Marianne la preuve s’efface très vite. Pendant que l'équipe fonctionne bien à la clinique, je prépare la nourriture, j’écris des updates et je gâte Marianne et Kris avec des fruits et autres friandises. Pendant ce temps, Dirk lave des alaises comme un possédé, enlève les excréments et prend des photos pendant que moi, je suspens "son" linge et le plie régulièrement. Il faut dire que, compte tenu de mon âge "béni", j'ai épuisé mes réserves. Lorsqu'elles remontent à 20h30 pour le dernier souper ensemble, 55 dames ont été stérilisées et les 22 d’aujourd’hui peuvent commencer à philosopher sur l’avenir en compagnie de leurs prédécesseurs. Au menu, il y a des frites au poulet pour les dames et pour nous des frites aux boulettes végétariennes et de la sauce tomate. J'aimerais comprendre les histoires qu'elles se racontent.
Lundi 10 avril 2023
Après le petit déjeuner, il est temps de dire au revoir à Marianne et à Kris, pour la énième fois. Combien de fois je ne sais pas, de nombreuses fois et j'espère sincèrement et de tout mon cœur qu'il y aura encore de nombreuses autres fois. Nous verrons bien car comme Marianne nous a fait remarquer, aucun de nous rajeunit et certainement pas moi. Après que la photo obligatoire ait été prise, je leur dit au revoir et les voilà parties. Je marche pensivement vers le jardin et regarde avec affection les nombreuses dames qui se tiennent avec impatience devant la grille du jardin et je pense "voilà du beau travail". Au retour de Dirk, Marie-Carmen vient chercher les dames qui ont été opérées vendredi passé. Il s’agit toujours d’un moment délicat quand elles partent, et en plus à Pâques... Les autres dames retourneront au compte-gouttes, dans les jours qui viendront. Une d’entre elles, restera indéfiniment. Il s’agit d’une chienne qui était dans un si mauvais état qu'il nous était même pénible de la voir. Des excroissances sur tout le corps, des hématomes, des jambes gonflées, un visage brisé. Battue à outrance, comme disait Marianne. Terrible.. Avant que Marie-Carmen ne parte je demande de ramener la vieille chienne qui pleure sa fille et qui refuse de manger..
Ce soir, elle mangera du poulet avec des pâtes en compagnie de la chienne qui a tellement souffert. Voyons si elle va manger. C'est comme ça que nous avons toujours de quoi nous occuper, n'est-ce pas…
Mireille